Simon Labelle scénarise et dessine le suicide de la Déesse. Bien qu’il y ai, à l’occasion quelques maladresses dans les visages, le dessin est tout à fait approprié aux propos et au genre. Les personnages sont des gens normaux aux physiques banals. Ce qui est très bon car cette histoire pourrait arriver à tout le monde. Les plans sont intéressants et j’y ai vu plusieurs allusions à des scènes de films connus, est-ce volontaire ou s’agit-il de d’images universelles ? Ses zones d’aplats noirs sont très réussies, elles forment ombrage mais surtout l’ambiance du décor. Aux pages 44-45-et 46, le temps d’un passage oniriques, le dessin prend des allures d’ombres chinoises aztèques et c’est fabuleux.
Je crois que ce qui a attiré l’attention des juges est surtout le scénario. Un groupe d’étudiant doit créer une œuvre commune, cette œuvre va plus loin qu’un simple travail de fon de session. Flashbacks, retrouvailles, questionnement s’imbrique dans l’installation d’un mystère qui traîne tout au long du récit. J’avoue qu’au trois quart de l’œuvre, je me suis dit que si la fin n’était pas à la hauteur, je m’étais fait avoir d’un petit 13,95$. J’aurais pu payer le double et j’aurais été content. À la relecture on réalise que même graphiquement, les indices étaient là pourtant. Par moment, la prétention et l’attitude des étudiants m’irritaient un peu, mais ça accentue le réalisme de l’histoire. N’avons-nous pas tous été chiant par moment à l’Université ou au cegep? Des phrases comme : Mère nature est une junkie, sa drogue c’est l’homme ou On exploite les ressources jusqu’à épuisement, on pousse la croissance jusqu’à ce que ça pète, on appauvrit les masse jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus s’offrir les biens de consommation de la masse. peuvent agacer, amuser ou inspirer selon l’humeur du moment, mais on sent la recherche et le travail dans le texte ce qui donne une franche profondeur.
Bref, une BD solide qui fait réfléchir.