Astérios Polyp figurait parmi les BD en lice au grand pris d'Angoulème 2011. Son côté académique, voire quasi didactique et son prix, plus de 40$, me rebutait. Voilà que le bouquin en question est enseigné dans le collège de mon beau-frère un rabais m'est proposé, j'hésite... Bref, je l'ai reçu pour Noël.
Alternant le passé et le présent, l'auteur américain, David Mazzucchelli, raconte l'histoire d'amour et la déchéance d'un homme de haut statut. L'intelligence du récit, la complexité des relations entre des personnages bien campés, ficelés au quart de tour donne l'impression d'avoir lu un grand roman. les personnages secondaires étant suffisamment crédible, on peut tenter de deviner leur réaction et leurs avenues en devient d'autant plus surprenant. Sans être racoleuse, ni trop "américaine" la fin rassure logiquement le lecteur.
L'illustration est un coup de poing au visage. Très académique comme je le disais plus haut, l'auteur maximise les couleurs, la typographie, le style de dessin, l'emplacement des cases. le seul défaut que je pourrais y trouver c'est que dans toute cette richesse, j'ai peur de manquer quelque chose, un détail, un clin d'oeil, une signification annonciatrice. Lorsque le héros et sa copine se distance par la différence de leur propos, non seulement ils changent de couleurs, mais lui, architecte devient un plan de lui même en pièces détachés, à l'angle mesuré, tout bleu, froid. Elle, l'artiste devient rouge, gêné, gribouillée. Les métaphores de ce genre sont nombreuses et sans être subtiles, n'agacent pas la lecture. Au contraire, les changements se vivent comme des transformations animées.
Il s'agit ici d'un livre qui mérite une seconde lecture afin de comprendre tous les niveaux graphiques et la force des liens entre l'image et le texte. Je suis certain que de petites lumières s'allumeront et me feront apprécier davantage ce cadeau que j'aime déjà. Merci Carl et Mélanie.