Cette fois-ci Paul est jeune, plus jeune que dans Paul à campagne. Paul au parc raconte la jeunesse d’un garçon de 12 ans chez les scouts dans l’époque de la crise d’octobre, célèbre événement des années 70. Utilisant la nostalgie comme arme de séduction, l’auteur explicite un passé quasi universel où tous les lecteurs se reconnaissent. Dans ses relations avec sa mère, son père ou sa chipie de sœur, on rigole et on reconnaît des gens de notre entourage. Ses personnages sont riches et il prend le temps de les faire réfléchir pour leur donner une profondeur sympathique, crédibilisante sans être nécessaire au déroulement de l’intrigue, juste pour le plaisir. La majeure partie du récit se déroule dans un camp de vacances. Mais ce qui fait le charisme d’un Paul se sont les petites anecdotes, les expressions, les faits vécus qui sonnent si réels.
Graphiste de formation, Michel Rabagliati sait aller à l’essentiel avec une ligne claire, un trait efficace. Sans trop entrer dans les détails, il crée des concepts. Cette forme de dessins rejoints bien son scénario puisque qu’il ne dessine pas par exemple une tente en particulier mais le concept général, global, d’une tente. C’est ce qui permet à tous de s’y retrouver de s'y reconnaître. Dans le même ordre d’idées, il sème ici et là en arrière plan des détails très intéressants : des graffitis felquistes, des affiches de BD dans sa chambre, les disques vinyles de sa copines, des marques ou des commerces de l’époque, encore une fois, il nous berce de doux souvenirs.
Évidemment, il y a une histoire! On se promène dans les souvenirs d’enfance, mais on va dans une direction précise. Je n’avais pas vu venir cette finale, mais ce chapitre est bien terminé. Reste à savoir si ce tome déclenchera une polémique comparable au précédent Paul à Québec, gagnant du prix du public à Angoulème…