lundi 30 mai 2011

Chronique BD: Blast

Lorsque Larcenet se plonge dans son oeuvre, lorsqu'il veut vraiment créer la grandeur, ça se voit. J'aime ces petites envolés, j'adore ses recueils de blagues. Mais Le Combat ordinaire fait partie de mes bandes dessinées préférées à vie. BLAST se veut aussi grandiose. Étant moins fan de policier, cette quintologie ne dépassera peut-être son prix d'Angoulème dans mon coeur, mais j'avoue qu'il se dépasse en tant qu'artiste et que cette série s'inscrit déjà dans ses livres phares à vie.


Le personnage principal, Mancini est un gros dégueulasse, qui a quitté sa vie, qui erre qui se défonce, qui se détruit qui se suicide à moyen terme. Enfermé au poste de police, il raconte son périple, onirique selon lui à la recherche de ses moments intenses de perdition, ses summums de profondeurs et d'altération de conscience qu'il nomme BLAST. On le sait meurtrier d'une jeune femme et on vit avec les enquêteurs dans sa narration l'escalade ou la chute qui a mené à son crime.


Mancini, obèse dégoutant se saoule, se drogue, se blesse, vole, saigne et vomit mais étonnement, on suit l'histoire de ce meurtrier en s'y attachant comme si sa quête était sensée, voire juste ou plutôt justifiable sur.

Outre un scénario qui avance à pas feutré, prenant, intriguant, Larcenet nous offre des personnages étoffés, profonds, à qui on peut imaginer un passé ou un futur simplement en voyant leur présent. Cette perception crédibilise l'histoire pourtant tellement loin de nos vécus. Il peut construire, chaque tome fait 300 pages. Il prend d'ailleurs le temps de nous faire construire un autre type "sympathique", Saint Jacky un dealer qui fait sa loi, sa religion.

Graphiquement, je parle ici de maîtrise absolu de son style en retenant le mot chef d'oeuvre. Ses noirs, ses zones d'ombrages sont magnifique par leur lourdeur. les scènes de pluie donnent froid. Ses plans donnent tellement de rythme aux pages, qu'on pourrait les qualifier de musicales. Lorsque les BLAST arrivent, des dessins d'enfants en couleur apparaissent dans ce récit noir et blanc foncé. Mystérieux, naïfs mais plein de sens, ses petits dessins donnent un aperçu de ce que peut être un BLAST, l'ambiance est parfaitement réussie, beau et effrayant. Finalement, il revient avec un symbole qu'il chérissait au début de sa carrière, les immenses sculptures de l'île de Pâques. Aussi grosses, massives, envoutantes et incompréhensibles qu'est son héros.

Lorsque les 5 BLAST seront sortis, je peux déjà affirmé que cette série sera un incontournable du 9e art.

1 commentaire:

merci de me laisser un commentaire, ça me motive à continuer.