samedi 5 mars 2011

Chronique BD: Sillage

Bon, j’entends déjà les « pouah ! la série commerciale ! » Je tiens tout d’abord à dire qu’il n’y a pas à priori de bonnes ou les mauvaises catégories de BD. Qu’un livre s’adresse à n’importe quel public, s’il me divertie et me procure un certain plaisir de lecture, j’embarque. Ce à quoi je « débarque » justement est cette guerre de clan qui divise tout type d’art selon un loi bien idiote qui dit que lorsqu’un artiste plait au grand public et devient rentable, il devient mauvais.
Fini mon apartheid.
Sillage est une série de science fiction dont l’héroïne est la dernière humaine qui voyage dans un immense convoi intergalactique. Son statut de race menacée lui donne une préciosité dont elle abuse par son caractère explosif et ses aptitudes à se mettre les pieds dans les plats. Encore une fois, la science fiction est propice à une critique sociale des plus virulente et ouvre des débats éthiques de grandes envergures ce qui confère un deuxième niveau de lecture à cette BD jeunesse.
En moins de deux semaines, j’ai lu les 13 premiers tomes de la série Sillage. Mes préférés sont les tomes 5-7-11 et 12. Commençons par Buchet, le très généreux illustrateur. Ses pages sont gorgées de détails tout en gardant une belle fluidité. En science fiction, il est difficile de se démarquer des codes trop connus en matière de vaisseaux et d’extra-terrestres. C’est justement là sa force. Son dessin est très crédible. Les scènes de foules sont délectables et les équipes de commandos sont formées judicieusement de par des physionomie typés. Que ce soit par les yeux, le corps, les bras ou leur habileté, ou même leurs us et coutumes, les personnages sonnent vrais. Le peuple de Rib-wund en est un exemple. Par ailleurs, ses vaisseaux ont toujours cette assymétrie qui étonnent et amusent. Encore une fois, les scènes de convoi, sont délectables.
Jean-David Morvan, qui pourtant ne se concentre pas que sur cette série, est extrêmement consciencieux. Je vous dirais que son principal talent est de nous faire aimer Navis, son héroïne prétentieuse et caractérielle. Navis évolue. C’est la toute sa richesse. Habituellement les héros sont soumis à de grands évènements et à de grandes machinations, bref de grands traumatismes, ils s’en sortent toujours indemnes. Navis est davantage comme nous, suite à de telles aventures, elle se désabuse, se décourage et perd confiance dans les relations avec les autres. Une petite erreur de jugement la rend même responsable de la mort de plusieurs milliers de civils. Elle s’enfonce. En tant que scénariste, Morvan ne se laisse aucune porte de sortie en descendant aussi loin, aussi creux. Voyant son histoire prendre de tels tournants, on peut s’attendre à n’importe quel dénouement de sa part. Ça c’est excitant !

2 commentaires:

  1. Woupi!!! Tu parles de l'une de mes séries favorites!! Et tu débutes par une diatribe sur l'opinion trop répendue dans le milieu, comme quoi il y a des BD commerciales (donc pourries) et des BD d'auteur (donc automatiquement in, branchées, génialissimes et incomprises de la populace). Ton opinion rejoint tout à fait la mienne, et j'en parlais un peu, par la bande, dans ma chronique sur le monde de Troy, que tu avais lu, au début de notre correspondance, tu te souviens?
    Pour ce qui est de Sillage, je suis aussi emballé que toi par la minutie et l'originalité des détails que Buchet fournis. Je suis aussi comblé par l'intelligence des scénarii de Morvan... mais je devrai relire la série en rafale pour mieux en saisir les nuances! En effet, je dois avouer que j'ai lu les 9 premiers albums au rythme de leur parution, ce qui fait que j'oubliais, d'une année à l'autre, les détails des problèmes qui s'accumulaient dans la vie de Nävis. C'est d'ailleurs un peu pourquoi j'ai arrêté de les lire et je les cumule maintenant: il me reste les tomes #10 à 13 à lire, mais je ne les lirai qu'à la suite de ma relecture consécutive des neuf premiers tomes!
    P.S.: Tu connais le jeu de société «Sillage»? C'est un jeu avec des cartes, superbement illustrées par Buchet, où l'on doit terraformer des planètes ou les préparer à la colonisation. Si je vais en Gaspésie, un jour, j'essayerai de penser à le mettre dans mes bagages! ;-)

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  2. Je ne savais pas que Sillage était une de tes séries favorites. C'est fou le nombre de personne qui aiment cette série. Je n'ai plus tellement le temps de jouer à des jeux de société, mais j'aimerais tout de même en faire une partie.

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merci de me laisser un commentaire, ça me motive à continuer.